2020 … Les voeux de la lucidité
En guise de voeux pour cette année 2020, je vous propose un texte d’Ilios Kotsou:
« Puisqu’il reste quelques heures pour les vœux de bonne année, voici ceux de la lucidité. Lorsqu’une nouvelle année arrive, la plupart d’entre nous sacrifient au rituel des vœux pour l’année à venir.
Et de nombreux vœux ressemblent à un concours vers plus, toujours plus, de réussite, de plaisir et de bonheur sans difficultés. Cela me semble participer à un mouvement global qui confond, bonheur authentique et plaisir, bonheur et succès, bonheur et absence d’inconfort…
Et quand le bonheur est défini de cette manière, si peu réaliste, cela ne contribue il pas -par la même- à le rendre impossible ? Notre vie n’est-elle pas faites d’ombres et de lumières ? Est-il possible –et même souhaitable- de rejeter les premières en poursuivant exclusivement ces dernières ?
Je ne cherche ni ne souhaite les difficultés, mais ne font elle pas partie intégrante du chemin ? Alors, pour cette année qui débute, je ne vous souhaite pas un chemin sans difficultés, je vous souhaite de trouver la force de les dépasser.
Je ne pense pas qu’il faille cultiver et nourrir des émotions comme la peur ou la tristesse, mais la recherche scientifique a montré qu’essayer désespérément de les éviter contribuait plus à notre mal être qu’à notre épanouissement.
Dès lors, je ne vous souhaite pas une année sans émotions désagréables, je vous souhaite d’avoir le courage de les apprivoiser.
Notre société est malade de ses illusions de contrôle, alors que nous avons bien peu de prise sur les événements douloureux de l’existence.
Je ne vous souhaite donc pas une année comme un océan sans tempête, je vous souhaite d’apprendre à y naviguer.
Les recherches sur le bonheur montrent que l’être humain s’habitue à tout, aux difficultés mais aussi aux plaisirs de l’existence et qu’il en vient rapidement à considérer tout ce dont il bénéficie comme étant acquis.
Dès lors, je ne vous souhaite pas des plaisirs extraordinaires, mais je vous souhaite de tout cœur de prendre le temps de remercier la vie de tous les petits bonheurs ordinaires.
Beaucoup d’entre nous se préoccupent du regard des autres : nous nous comparons continuellement en essayant d’être tant que possible à notre avantage. Ce qui peut nous rendre tantôt narcissiques tantôt blessés dans notre image de nous-mêmes.
Dès lors je ne vous souhaite pas de réussir à devenir quelqu’un, mais d’être douce/doux avec vous-mêmes, particulièrement dans les moments d’échec, ce qui permet aussi d’être ouvert et bienveillants envers les autres.
Celui qui chemine obsédé par sa destination, ne risque-il pas de passer à côté de son voyage, aussi extraordinaire fut-il ? Je ne vous souhaite pas une destination grandiose, mais je vous souhaite à toutes et tous d’apprécier chaque pas du chemin… »