Apport du concept d’adolescence pour la santé sexuelle
Je me suis véritablement délecté de la lecture du travail d’Eviane Schüpbach « sexualités des ados : quelles représentations et quels enjeux ? » qu’elle a remis en 2023 dans le cadre de son DAS (Certificate of Advanced Studies) en Santé Sexuelle (Haute Ecole de Travail Social de Genève). Je prends la liberté de vous en partager certains extraits.
« En faisant ce travail, je réalise à quel point ces notions sont emmêlées. L’adolescence semble, dans l’usage, désigner une tranche de vie plus large que celle de la puberté. La puberté étant essentiellement comprise comme les changements physiques du corps, l’adolescence semble impliquer davantage les changements psychiques. Selon l’OMS (2023), l’adolescence serait de 10 à 19 ans et la jeunesse de 15 à 24 ans.
Les définitions multiples, proposées par de nombreuses disciplines, au sein de différentes époques et des diverses cultures, permettent de rendre compte de la fascination, que cette tranche de vie qu’est l’adolescence suscite. Les diverses approches s’accordent à considérer, que l’adolescence démarre avec la puberté qui induit des changements tant au niveau physiques, psychiques, hormonaux, relationnels, cognitifs que sexuels. La fin de l’adolescence reste moins évidente à définir de nos jours.
Ces changements sont en lien direct avec la santé sexuelle. Réfléchir à comment nous considérons l’adolescence, permet d’ajuster notre posture lors des interventions, tant en éducation qu’en conseil. Il est important, que l’adolescence, ne soit plus uniquement comprise au niveau des changements physiques, étant donné que c’est dans cette phase là-aussi que le cerveau passera d’un modèle de pensée concret à un mode de pensée abstraite. De considérer cette phase de vie comme une phase à part entière et non plus comme un entre-deux, permet de considérer davantage les spécificités de cette période, et pouvoir aménager une prise en charge propre aux ados.
C’est d’ailleurs la prise de position de l’OMS (2023), dans sa définition de la santé des ados, qui met en avant le moment singulier que représente l’adolescence en lien avec la croissance physique et les développements cognitif et psychologique rapides. « Cela a des conséquences sur ce qu’ils ressentent et la manière dont ils pensent, prennent des décisions et interagissent avec le monde qui les entoure ». Malgré la plutôt bonne santé des ados, c’est un âge où il y a de nombreux décès surtout liés à des accidents, des suicides et aux suites de violence. La plupart de ces décès seraient évitables. « Pour grandir et se développer en bonne santé, les ados ont besoin d’informations, y compris une éducation complète à la sexualité adaptée à leur âge » (OMS, 2023). Iels ont également besoin d’occasions de participer véritablement à la conception et à la mise en œuvre des interventions destinées à améliorer et protéger leur santé. Accroître ces opportunités est essentiel pour répondre aux besoins et aux droits spécifiques des ados. Lors du cours de Dr Y. Takeuchi du 25 mars 2022 « Développement pubertaire et implications bio-psycho-sociales », nous avions dû identifier d’une part, les aspects biologiques, puis cognitifs et psychologiques, et familiaux et sociaux, du début, milieu et fin de l’adolescence. Nous avions pu identifier les décalages qu’il peut y avoir entre le développement physique et psychique. Il est vite fait de surestimer la capacité d’abstraction de certain·e·s ados qui ont eu leur développement physique et non pas nécessairement psychique. Nous avions appris que « les zones de contrôles de comportement maturent plus tardivement, que celles qui gèrent les émotions ». Y. Takeuchi avait dit que : « l’ado a l’accélérateur sans avoir le frein ». C’est ce qui les pousse à explorer, sans nécessairement avoir déjà pu anticiper l’implication de leurs actions. La zone de contrôle lié à l’inhibition se développe dans un second temps. L’enjeux sera d’identifier ce qui est de l’exploration et de ce qui est de la prise de risque. Selon les contextes, les comportements exploratoires seront plus ou moins rassurants.
Avoir une vision globale de ce qui se passe à l’adolescence, tant au niveau psychique, physique que sexuel, permet de pouvoir considérer les ados avec leurs spécificités propres. » (pp 10-11)
Sexualités des ados : quelles représentations et quels enjeux ? – Eviane Schüpbach – 2023
