Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin et sexualité : parlons-en !
La maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique ou colite ulcéreuse (CU) peuvent impacter la qualité de vie et ce compris la vie intime et sexuelle.
Tout un chacun peut rencontrer des difficultés sexuelles au cours de sa vie. Une étude prospective a mis en évidence, dans le cadre d’une Maladie Inflammatoire Chronique de l’Intestin (MICI), qu’une femme sur deux et un homme sur six éprouvaient des difficultés sur le plan de la sexualité. (2017 – 1). Une autre étude prospective au départ de personnes avec la maladie de Crohn a pu mettre en évidence une dysfonction érectile chez la moitié des patients et des difficultés sexuelles présentes chez l’ensemble des femmes (2018 – 2).
Les MICI sont des pathologies chroniques qui s’installent souvent chez les adolescents et les jeunes adultes. L’identité sexuelle et les relations sont alors au cœur des préoccupations de ces derniers. Une série d’effets des maladies chroniques influent sur la santé sexuelle de manière directe ou indirecte. Les effets secondaires des traitements ou des chirurgies peuvent altérer l’image corporelle. Une faible estime de soi, une asthénie chronique (fatigue générale, état de dépression, faiblesse), une baisse de libido (parfois induite par les traitements médicamenteux), des dysfonctions érectiles (les affects dépressifs et anxieux y participent également), des dyspareunies (douleur à la sexualité), des gênes fonctionnelles peuvent impacter la vie intime. Il semblerait que les hommes atteints de d’une MICI sont plus susceptibles d’avoir un faible niveau de testostérone en raison de l’inflammation chronique. (2016 – 3). Les corticostéroïdes ainsi que la fatigue influent également au niveau hormonal.
La vie intime et sexuelle reste un tabou alors qu’elle est au cœur des préoccupations des jeunes. « L’âge médian du premier rapport sexuel est d’environ 17–17,5 ans. Il est souhaité dans 90 % des cas avec pour motif principal l’amour/la tendresse (♀53 % et ♂26 %), le désir (♀26 et ♂47 %) ou encore la curiosité (∼10 %). Il se pratique dans 90 % des cas protégé (85 % préservatif ± pilule, 4 % pilule seule). » (2022 – 4)
Le manque d’études à propos de la sexualité et MICI participe notamment au manque de discussion des gastroentérologues à ce sujet. Les gastroentérologues bien que conscients de l’impact d’une MICI au niveau de la sexualité mettent en avant le manque de connaissances sur la conduite à tenir en cas de dysfonction sexuelle (2017 – 1).
- 2017- Frequency of and Factors Associated With Sexual Dysfunction in Patients With Inflammatory Bowel Disease – PubMed (nih.gov)
- 2018 – MICI, fertilité et sexualité (europa-organisation.com)
- 2016 – La carence en testostérone est-elle un réel problème chez les hommes atteints de MII? | ECE2016 | 18e Congrès européen d’endocrinologie | Résumés endocriniens (endocrine-abstracts.org)
- 2022 – Sexualité et MICI : quand, comment et où en parler à nos adolescents – ScienceDirect