Au-delà de la technique … un champ émotionnel et intersubjectif
Je souhaitais ici vous partager deux extraits de lectures qui rentrent en résonnance avec la réflexion que je porte sur ma pratique. Je fais le choix de ne pas les commenter.
Extrait 1 tiré du livre : « Passez à l’ACT : pratique de la thérapie d’acceptation et d’engagement » de Russ Harris (2017)
« (…) Vous découvrirez un grand nombre de techniques, de métaphores, de feuilles d’exercices, de stratégies et d’autres interventions. Aucune d’entre elles ne sera efficace si vous n’avez pas une bonne relation avec votre patient. Dans l’ACT, nous avons pour objectif d’être pleinement présent avec nos patients : ouverts, authentiques, pleinement conscients, compatissants, respectueux, et en adéquation avec nos propres valeurs essentielles. Autrement dit, nous avons pour but de vivre et de respirer l’ACT nous-mêmes, de le transmettre avec tout notre cœur et toute notre âme plutôt que de l’utiliser froidement et mécaniquement comme si ce n’était qu’une trousse à outils compliquée.
Kelly Wilson, l’un des pionniers de l’ACT, expose ceci très simplement. Il nous conseille de voir nos patients plutôt comme des couchers de soleil que comme des problèmes de maths. Et il nous rappelle que nous n’intervenons pas pour le patient mais avec le patient. »
Extrait 2 tiré du livre : « Stratégies de changement : 16 prescriptions thérapeutiques » sous la direction de Grégoire Vitry (2019)
« En conclusion, nous pouvons dire que les techniques n’excluent pas la spontanéité su thérapeute dans la mesure où la pratique amène les thérapeutes les plus compétents à utiliser les techniques de manière spontanée. Aucun manuel ne vous dira quel outil pour le patient dans un contexte donné, mais un outil peut s’imposer au thérapeute dans un contexte donné, en fonction de son expérience pratique et de sa propre histoire. Le désir du thérapeute d’aider le patient, en fonction de ce qu’il a compris de son problème, fait émerger l’idée d’utiliser une technique spécifique et nourrit sa motivation à intervenir selon certaines modalités techniques.
Lorsqu’une technique est utilisée de manière froide et « professionnelle », elle a rarement le même effet que dans les situations où il y a eu une onde émotionnelle qui a circulé entre le patient et le thérapeute. Ce qi fait que l’outil peut être efficace, c’est que l’utilisation de cet outil par le thérapeute s’accompagne d’une émotion, de l’intuition que cet outil pourrait amener le patient à changer, pourrait faire émerger un nouveau point de vue. Et c’est cette émotion qui circule entre le patient et le thérapeute qui sera déterminante dans le processus de changement, au-delà de la simple utilisation d’une technique ou d’un outil. Finalement, l’essentiel du processus thérapeutique se déploie dans l’expérience de la subjectivité et de l’intersubjectivité, l’utilisation des techniques s’inscrivant dans cette expérience émotionnelle. »