Extraits choisis d’une enquête nationale française périnatale (2021) – quid de la santé mentale des femmes ainsi que de la violence faite aux femmes
« Cinq enquêtes de ce type ont déjà été réalisées en 1995, 1998, 2003, 2010 et 2016, au sein de l’équipe Epopé de l’Inserm sous la direction de Béatrice Blondel (Blondel et al., 2017) avant cette nouvelle édition de 2021. »
« Ces enquêtes portent sur la totalité des naissances (enfants nés vivants et mort-nés) survenues pendant l’équivalent d’une semaine dans l’ensemble des maternités françaises, lorsque la naissance a eu lieu à au moins 22 semaines d’aménorrhée (SA) et/ou lorsque l’enfant pesait au moins 500 grammes »
« L’enquête réalisée en mars 2021, a permis un recueil sur 13 631 naissances auprès de 13 404 femmes, dont 12 939 naissances et 12 723 femmes en métropole et 692 naissances et 681 femmes dans les départements d’outre-mer (DROM). »
« La réaction des femmes à la découverte de la grossesse est positive dans la plupart des cas et sans différence par rapport à la situation des femmes en 2016. En revanche, leur état psychologique durant la grossesse semble s’être détérioré sans qu’on puisse définir, avec les données de l’ENP 2021, la part liée au contexte pandémique. La part des femmes ayant consulté un professionnel de santé pour des difficultés psychologiques en cours de grossesse est en augmentation (8,9% en 2021 versus 6,4% en 2016). »
« Le suivi à 2 mois permet pour la première fois d’évaluer au niveau national, la santé mentale des femmes. Elles sont 16,7% à présenter des symptômes dépressifs majeurs (score de l’Edinburgh Depression Post[1]partum Scale (EPDS) ≥ 13) à 2 mois du post-partum. Par ailleurs, 15,5% des femmes ont vécu difficilement ou très difficilement leur grossesse et 11,7% ont un mauvais voire très mauvais vécu de leur accouchement. »
« Environ 6% des femmes déclarent avoir été victime de violences psychologiques un an avant, pendant ou après la grossesse et 1,3% avoir subi des violences physiques dans un cadre familial ou extrafamilial. »
« La plupart des femmes ont considéré la grossesse comme une période agréable (32,9%) ou assez agréable à vivre (51,6%). Elles sont cependant 11,6% à avoir vécu cette période difficilement, et 3,9% très difficilement 65 (Tableau 67). »
« Pour évaluer le risque de survenue d’une dépression du post-partum, l’échelle Edinburgh Postnatal Depression Scale (EPDS) (composée de 10 items) a été utilisée. Elle permet de calculer un score variant entre 0 et 30. Un seuil ³ 13 est retenu pour définir le risque de dépression (Levis et al., 2020). Cette échelle est validée en français (Cox et al., 1987; Guedeney et al., 1995). Un examen clinique est toutefois nécessaire pour valider le diagnostic de dépression du post-partum. Ainsi, l’ENP 2021 permet pour la 1ère fois d’évaluer à l’échelle nationale la fréquence de la dépression du post-partum : 16,7% des femmes présentent un score > 13 (Tableau 74), proche des taux observés dans d’autres études internationales (Woody et al., 2017).
Par ailleurs, 13,1% des femmes ont déjà eu un suivi d’au moins 3 mois depuis l’adolescence avec un psychologue, 4,4% avec un psychiatre et 2,3% avaient déjà été hospitalisées en psychiatrie. Ces données feront l’objet d’analyses spécifiques pour explorer les déterminants de la santé mentale en post-partum dans notre pays.
Environ 17% des femmes déclarent que la période écoulée depuis la naissance a été ressentie comme difficile ou très difficile. Plus d’un tiers des femmes ont moins de 3 personnes proches qu’elles pourraient solliciter en cas de graves difficultés personnelles (Tableau 74). Un quart des femmes déclarent à 2 mois présenter encore des douleurs physiques liées à leur accouchement. »
« En 2021, 6,0% des femmes déclarent avoir subi des violences psychologiques, soit pendant la grossesse (3,7%), soit depuis la naissance (0,5%), soit les deux (1,8%) (Tableau 84). Dans plus de la moitié des cas, ces violences étaient répétées (au moins deux fois). L’auteur des violences psychologiques était le partenaire pour 25,3% des femmes ayant déclaré des violences psychologiques, un autre homme qu’elle connaissait pour 31,3%, une autre femme qu’elle connaissait pour 24,4%, un homme qu’elle ne connaissait pas pour 19,2% et une femme qu’elle ne connaissait pas pour 13,9%. Concernant les violences physiques, 1,3% des femmes déclarent en avoir été victime, soit pendant la grossesse (0,9%), soit depuis la naissance (0,2%), soit les deux (0,2%) (Tableau 84). Dans 27,7% des cas, ces violences physiques étaient répétées (au moins deux fois). L’auteur des violences physiques était le partenaire pour 34,5% des femmes, un homme connu ou inconnu pour 45,1% et une femme connue ou inconnue pour 19,1%. Et 0,3% des femmes déclarent avoir été victime de violences à caractère sexuel pendant la grossesse et/ou depuis la naissance par un homme. Les effectifs sont trop faibles pour préciser davantage la temporalité et l’auteur des violences sexuelles déclarées par les femmes. Les questions concernant cette thématique majeure pour les femmes feront l’objet d’analyses spécifiques tout comme en 2016 (Maciel et al., 2019). »
Voici le lien vers l’enquête :